Comprendre l’obésité infantile : une formation cruciale pour les infirmières puéricultrices des crèches 🩺
Rentrée studieuse pour les infirmières des crèches du SIVOM qui se sont rassemblées autour d’une formation intitulée « Les déterminants de l’obésité pendant la période des 1000 premiers jours » et proposée par l’ObEP PACA (équipe de ressources et d’expertise sur le surpoids de l’enfant).
Guidées par le Dr Cindy Danelsky, et Aliette Csillag, diététicienne, elles ont approfondi leurs connaissances sur les facteurs qui influencent le développement de l’enfant, depuis la conception jusqu’à ses trois ans. Entre échanges interactifs, ateliers pratiques et données scientifiques récentes, la formation avait pour objectif de doter les professionnelles de clés de compréhension pour mieux accompagner les familles, dès les premiers signes de déséquilibre pondéral et en prévention précoce.
Le Dr Danelsky etAliette Csillag, ont ouvert la formation avec une affirmation frappante : « Un enfant en situation d’obésité naît souvent avec une prédisposition à prendre plus facilement du poids, mais c’est notre rôle, en tant que professionnels, d’agir sur son environnement pour lui donner les meilleures chances ».
Car les chiffres sont là : malgré une stabilisation depuis 2006, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent reste trop élevée : 20 % des enfants de 6 à 17 ans étaient en surpoids dont 5,4 % en situation d’obésité en 2017. Parmi les enfants en surcharge pondérale ou obèses à l’âge de 6 ans, près d’un enfant sur 2 le reste en classe de troisième. À l’âge adulte, près d’un français sur 2 est en surpoids : 54 % des hommes et 44 % des femmes. La prévalence de l’obésité s’élève à plus de 17 % sans différence entre les sexes.
💠L’importance de la précocité :
À travers des ateliers interactifs et des discussions enrichissantes, les participantes ont découvert que l’obésité est souvent le fruit d’une combinaison complexe de facteurs biologiques et environnementaux.
Dans un premier atelier sur les déterminants précoces de l’obésité, le Docteur Cindy Danelsky, leur a livré un fait souvent méconnu : « Le rebond d’adiposité précoce est un signal d’alarme. Si un enfant prend du poids trop rapidement après l’âge de 2 ans, cela peut être un indicateur de futurs problèmes de surpoids. »
Face à ces révélations, les participantes partagent leurs expériences en petits groupes, notant les difficultés rencontrées dans leurs structures pour gérer ces situations. L’une des participantes évoque la réticence de certains parents à modifier les habitudes alimentaires de la famille, ce à quoi le Dr Danelsky répond avec bienveillance : « Il est essentiel de ne pas stigmatiser les parents. Chaque famille a son histoire, ses habitudes. L’accompagnement se fait avec douceur et compréhension, car tout changement doit concerner l’ensemble de la famille pour être efficace. »
💓Un atelier au cœur de l’action :
Durant l’atelier immersif suivant, intitulé « Répondre aux cris du bébé », les participantes se mettent dans la peau de jeunes parents, testant différentes situations. Cet atelier permet d’avoir en tête que les pleurs du bébé ne sont pas toujours dû à la faim : « Nous devons comprendre que les cris d’un bébé ne sont pas toujours des signes de faim. Répondre systématiquement par l’alimentation, c’est risquer de brouiller les signaux de faim et de satiété » expliqueAliette Csillag.
La vidéo éducative « Les petits mangeurs » déclenche une discussion sur l’importance de la diversification alimentaire. Les formatrices ajoutant : « Proposer une alimentation équilibrée, c’est bien. Mais la manière dont on la propose est tout aussi importante. »
D’autres ateliers pratiques ont été testés, comme un quiz sur « L’alimentation du tout-petit », où les infirmières apprennent à repérer les signaux de faim et de satiété chez le bébé. Une des notions évoquée par Aliette : « Savoir adapter les portions à l’âge de l’enfant est essentiel. Ce n’est pas une question de restriction, mais de répondre aux besoins réels de l’enfant sans les dépasser. »
À chaque étape, les intervenantes insistent sur l’importance d’un suivi pluridisciplinaire et d’un accompagnement familial global. Les statistiques sont éloquentes : « La proportion d’enfants obèses qui restent obèses à l’âge adulte est très élevée : entre 20 et 50 % avant la puberté, mais cela peut grimper à 50-70 % si l’obésité persiste après la puberté, » explique le Dr Danelsky. « C’est pourquoi le dépistage précoce est essentiel. Plus on intervient tôt, notamment durant les 1000 premiers jours, plus on a de chances d’infléchir cette trajectoire et d’éviter à ces enfants de rester obèses à l’âge adulte. Le suivi exige aussi du temps, de la régularité, et implique souvent une éducation thérapeutique des parents. Les situations sont de plus en plus complexes, et les familles ont souvent besoin d’un soutien accru. »
🤱L’allaitement, un élément clé contre l’obésité infantile ?
L’après-midi, les discussions se sont tournées vers l’importance de certaines actions préventives. Utilisant le diaporama de la pédiatre, le Docteur Véronique Nègre, les formatrices, sont revenues sur les différents déterminants. L’allaitement maternel, encore trop peu souvent choisi (même si on note une amélioration au fil des années), s’avère être un facteur protecteur important contre le surpoids pédiatrique : « L’allaitement maternel n’est pas une garantie absolue contre l’obésité, mais il joue un rôle important dans la régulation des apports énergétiques dès les premiers mois de vie, » expliquent-elles. « C’est un élément clé pour prévenir le surpoids, et il mérite d’être soutenu et encouragé au sein des familles. Et si ce choix n’est pas fait, l’accompagnement de l’allaitement au biberon doit être adapté. »
Finalement, la journée s’est terminée avec l’impression d’avoir non seulement acquis des connaissances, mais aussi des outils concrets à appliquer. Comme le résume une des participantes en sortant : « Ce qui ressort de cette formation, c’est que nous avons un vrai pouvoir d’action. Il ne s’agit pas simplement de dire aux parents quoi faire, mais de les accompagner dans un cheminement bienveillant vers des habitudes saines pour leurs enfants. »
🔎 Pour aller + loin : https://www.ceronpaca.fr/surpoids-de-lenfant/obep-paca/